ActualitésUne terrible expédition punitive pour « 100 euros et un kebab »

5 juin 2021

Crachats, insultes, coups de taser, humiliations… Durant une heure, la victime s’est fait martyriser par un groupe de jeunes, à Morez, le 26 mai dernier. Ils ont été jugés en comparution immédiate ce jeudi 3 juin.


C’est sur cette passerelle, située à Morez, que les jeunes ont voulu « faire peur » à Martin. Photo illustration Progrès

Ils se tiennent côte à côte dans le box des prévenus. Leurs mains sont croisées, leurs bras se frôlent presque. Les deux amis, âgés de 19 et 20 ans, gardent la tête baissée lorsque le président rappelle les effroyables faits qui leur sont reprochés.

Mohamed et Nadhir se connaissent depuis l’enfance. Ils vivent respectivement à Morez et Morbier. Ils traînent avec d’autres jeunes, mineurs comme majeurs, qui fréquentent le lycée de Martin*.

Ce dernier est interne dans un lycée professionnel, veut devenir opticien et vient d’arriver dans la région. Pour s’intégrer, il traîne avec Mohamed et Nadhir. Il va jusqu’à organiser une soirée avec eux, à Dijon, où chacun doit payer 100 euros pour la location d’un appartement.

« Une tournée pas payée »

Problème : « Il m’a fait aller à Dijon et je n’ai jamais pu rentrer dans sa soirée. Je voulais qu’il me rende mes 100 euros », détaille Mohamed à la barre du tribunal correctionnel, ce jeudi 3 juin. Nadhir, lui, reproche « une tournée pas payée ».

C’est donc pour « 100 euros et un kebab », résume le procureur, qu’une scène de violence se produit aux alentours de 12 h 30. Mohamed et Nadhir débarquent dans le hall d’un immeuble où se trouve Martin. Ils le bousculent, menacent de le jeter par la fenêtre, avant de l’emmener dans une voiture où sont déjà assis deux autres mineurs, qui seront jugés pour ces faits ultérieurement.

Cinq ans ferme requis

Le groupe prend la direction du « Trou Bleu » , où une autre scène de violence débute. Sur une passerelle au-dessus de l’eau, ces jeunes menacent de jeter Martin. « On voulait juste lui faire peur », certifie Mohamed.

Ils le font se déshabiller et lui demandent d’aller dans une eau à dix degrés. Martin se fait également taser à plusieurs reprises, gifler, ruer de coups… Une pierre lui est jetée sur le pied alors qu’il est dans l’eau. Il indique également qu’un jeune lui urine dessus et prononce des insultes racistes à son encontre. Il s’en sort avec quinze jours d’incapacité totale de travail.

« J’ai donné des coups de taser, mais personne ne lui a uriné ou craché dessus », reconnaît partiellement Mohamed. « On n’a pas besoin d’argent, je ne vois pas pourquoi j’aurais fait ça. Je ne l’ai pas violenté », assure Nadhir. Une version pourtant contredite par les deux autres mineurs sur place.

Une fois l’expédition punitive terminée, les jeunes redéposent Martin devant son lycée. « Moi à 19 ans, je n’aurais pas aimé croiser ces deux comparses, plaide Me Morel, avocat de la partie civile. Vous devez être intimidants et dangereux quand vous êtes alcoolisés en bande. Je pense à Martin, à six mètres au-dessus du vide, sur ce petit pont qui tangue. Vous étiez quatre, il était seul. Vous-même avez dit qu’il avait peur, dans un endroit loin de tout, à moitié nu, dans une eau bien fraîche, pour un mobile qui est l’argent. »

*Prénom d’emprunt

Une interdiction de paraître à Morez et en Côte-d’Or durant 5 années

Le procureur a évoqué des faits « inexplicables, incompréhensibles et dégueulasses » en requérant des peines de 4 ans d’emprisonnement ferme. Les deux prévenus sont jugés pour extorsion, enlèvement, séquestration. Des chefs d’accusation contestés par Me Marraud des Grottes, avocat de Nadhir. « Concernant l’enlèvement, on voit bien sur les vidéosurveillances que la victime les suit, deux mètres derrière. Il n’est pas forcé de monter dans le véhicule. Où est la contrainte ? », demande la défense. Même chose pour l’extorsion. « On n’a pas été à la banque, ils ne sont pas allés au bout, il y a donc eu désistement des auteurs. Mon client a un casier vierge, un contrat de travail pour un emploi à venir. Sur quelle base factuelle le parquet a-t-il un réquisitoire aussi sévère ? », a-t-il questionné. Me Vigneron, avocate de Mohamed, a rappelé que son client « reconnaît sa responsabilité ».

Déjà jugé pour des faits similaires

Ce dernier avait déjà été jugé pour des faits similaires ayant eu lieu en 2019, alors qu’il était mineur. Le tribunal a condamné Mohamed Ezzi à quatre ans de prison ferme dont 2 assortis d’un sursis probatoire d’une durée de trois ans. Nadhir Guemil a été condamné à 3 ans de prison ferme dont un an de sursis probatoire de 3 ans. Les deux ont été maintenus en détention et ont interdiction de se représenter à Morez ou dans le département de la Côte-d’Or durant cinq ans.

Article Paru dans www.leprogres.fr, le vendredi 04 avril 2021

https://www.morel-avocats.fr/wp-content/uploads/2023/05/logo-footer2.png
2 avenue Garibaldi, 21000 Dijon
03 80 74 87 21

Suivez-nous :

ASSISTANCE IMMÉDIATE

Une réponse juridique sur un point précis de droit ? Une première orientation vous sera très rapidement apportée, généralement dans un délai de 48 heures.

© 2023 Cabinet Morel & Avocats.