ActualitésJean-Philippe Morel à propos de la condamnation de Christophe Dettinger : «Mettre une peine est un art et c’est toujours quelque chose de très difficile»

28 février 2019

Après l’affaire Christophe Dettinger, sur laquelle il revient largement pour Infos-Dijon, l’avocat dijonnais Jean-Philippe Morel représentera aussi l’association «Gendarmes et Citoyens» dans l’affaire de la caserne de Dijon et plaidera pour des policiers victimes en décembre dans le cadre du mouvement des gilets jaunes. Interview.

Le 13 février, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Christophe Dettinger («le boxeur») à 30 mois de prison : 12 mois de prison ferme, suivis de 18 mois avec sursis et mise à l’épreuve. L’avocat dijonnais Jean-Philippe Morel était revenu le 15 janvier dernier pour Infos-Dijon sur cette affaire, à l’occasion de la comparution immédiate dans un climat très tendu. La deuxième audience, elle, a été plus sereine et satisfait les parties civiles. Mais M. Morel plaidera aussi dans d’autres affaires liées au mouvement des Gilets Jaunes.

Avec cette condamnation, prononcée le 13 février, a-t-on assisté à l’épilogue de l’affaire dite du boxeur ?

Pas tout à fait car le dossier n’a pas été jugé sur l’indemnisation des victimes. Il le sera courant 2019, quand les expertises médicales judiciaires seront terminées. Un médecin expert sera désigné par le tribunal et consultera les blessés, sur la base du certificat médical initial : je rappelle que l’un des gendarmes victimes a eu 15 jours d’ITT. Le médecin se prononcera sur les éventuelles séquelles. Mais c’était bien l’épilogue sur l’action publique car les avocats de la défense n’ont pas fait appel, comme ils en avaient la possibilité jusqu’au 22 février au soir.

Les deux parties se sont montrées satisfaites. C’est rare. Est-ce le signe d’une condamnation équilibrée ?

Mettre une peine est un art et c’est toujours quelque chose de très difficile. En l’occurrence cette décision est très équilibrée car elle répond à 3 aspects :
– Elle sanctionne des faits graves, en l’occurrence des violences commises.
– Elle montre qu’on a jugé un homme avec sa personnalité, qui a un travail, qui est inséré dans la société et qui n’a pas de casier judiciaire.
– Enfin, cette décision a du sens, car il a été incarcéré immédiatement après son interpellation pendant plus d’un mois.
C’est une décision d’autant plus satisfaisante pour moi et le collectif de gendarmes que je représente (l’association professionnelle nationale militaire «Gendarmes et Citoyens») car leur préjudice a été reconnu dans l’atteinte à la fonction et à l’image de dépositaire de l’autorité publique.

Cette dernière audience a-t-elle été plus sereine que la première ?

La première était extrêmement tendue, notamment parce qu’elle avait lieu en comparution immédiate, juste après l’interpellation dans un climat très lourd. La seconde était très médiatisée, mais dans un climat plus serein. Le mois en détention a dû lui permettre de reconnaître la gravité des faits, qu’il a d’ailleurs regrettés.
Prenant la mesure de la gravité de son acte, il a réfléchi et a eu la seule attitude possible. Son public a pu entendre ce message de responsabilité.

L’aménagement de peine dont il bénéficie vous paraît il être une bonne décision ?

Cette décision répond d’abord à un grand principe, celui de la personnalisation des peines. En fonction de la personnalité et du casier du mis en cause, la peine est adaptée : en l’occurrence, Christophe Dettinger est un primo délinquant sans casier qui travaille. Ce n’est pas une peine légère, 12 mois de prison ferme. Il peut d’ailleurs être à tout moment incarcéré. Mais le tribunal a jugé judicieux qu’il ne perde pas son travail.

Représentez-vous l’association «Gendarmes et Citoyens» dans d’autres affaires, en Bourgogne notamment ?

Oui. Je représente aussi cette association dans le cadre de l’affaire sur les incidents à la caserne de gendarmerie de Dijon (lors de l’acte 8 ndlr). Là aussi, nous avons eu gain de cause car le préjudice de mon client a été reconnu.
Je travaille également dans le cadre d’autres dossiers à Dijon, mais cette fois, je représente des victimes policiers concernant des faits datant de décembre notamment, lors des moments les plus compliqués, et qui n’ont pas été jugés.

Article Paru dans infos-dijon.com, le mardi 24 février 2019 par Nicolas Richoffer
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