ActualitésAttaque de la Gendarmerie de Dijon par des “Gilets Jaunes” : Prison ferme pour quatre assaillants

20 janvier 2019

Les individus ayant scandaleusement attaqué la caserne Deflandre à Dijon le 5 janvier dernier, blessant 7 gendarmes dont deux gravement ont été jugés vendredi par le tribunal correctionnel de Dijon en comparution immédiate.

Tous ont été condamnés à une peine de prison ferme avec un mandat de dépôt pour l’un.

Ces quatre suspects ont été interpellés en milieu de semaine par la section de recherches de Dijon.

Des investigations minutieuses ont permis de confondre deux autres individus suspectés de diffusion des images violentes et de participation à l’intrusion dans l’enceinte militaire. Ces derniers  font l’objet d’une convocation

Une attaque très violente

Vers 15h00, un cortège de gilets jaunes se présente boulevard du maréchal Joffre à Dijon siège de la région de Gendarmerie de Bourgogne Franche-Comté. Le portillon d’accès des familles est forcé par un manifestant à l’aide d’une barrière Vauban. Une patrouille du peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie nationale, intervient pour repousser les assaillants hors de la caserne. Les 4 primo- intervenants sont renforcés par 3 militaires, en position de repos, qui rejoignent les lieux. Ils essuient de nombreux jets de projectiles. Un petit groupe de casseurs arrache 70 mètres de clôture. Les sept gendarmes défendant la caserne sont blessés. dont deux sérieusement : l’un recevant le support d’un panneau de signalisation métallique sur le visage, entraînant 15 jours d’interruption temporaire de travail (ITT) ; l’autre, après avoir été la cible d’un jet de poteau métallique sur les avant-bras, s’était vu prescrire 5 jours d’ITT.

Trois d’entre eux font profil bas

A l’audience, dans leur box, trois d’entre eux font profil bas. Ils regardent le bout de leurs chaussures. Le plus âgé semble le plus sûr de lui, il affiche même un petit sourire en coin à la lecture de faits qui lui sont reprochés.

Cet homme, Christophe Lefebvre, âgé de bientôt 41 ans, est poursuivi pour “violences avec ITT inférieure ou égale à 8 jours (5 jours) commis avec 3 circonstances aggravantes, introduction frauduleuse sur un terrain militaire et dégradations de biens d’utilité publique”. C’est le seul à ne pas avoir reconnu rapidement les faits et ce n’est que face aux preuves détenues par les enquêteurs et son  identification formelle sur les vidéos qu’il a reconnu les faits. Individu à la personnalité particulière et au casier chargé de 6 condamnations, il était venu manifester avec son fils de 11 ans qu’il déplaçait dans un “caddie”. Comme lui a fait remarquer la présidente, Mme Foucault, son fils avait déjà la panoplie du parfait manifestant, gilet orange et masque sur le nez.
Mme Bouhey, substitut du procureur a requis une peine de 2 ans d’emprisonnement dont 1 ans avec sursis et mise à l’épreuve, assorti d’un mandat de dépôt. Le tribunal l’a suivi et a délivré un mandat de dépôt. Il écope également d’une peine complémentaire d’interdiction de manifester pendant 2 ans sur tout le territoire national.

“Je suis un abruti”

Le suivant, Fabien Manière, âgé de 33 ans, petite queue de cheval, ne relève la tête que pour répondre aux questions de la présidente.

Il reconnaît les blessures infligée au commandant du PSIG (ITT 15 jours) et présente ses excuses.

 “Je suis un abruti, c’est l’effet de groupe, je ne pensais pas toucher un gendarme”.

La présidente lui fait remarquer que ce n’est pas l’impression que donnent les images diffusées.

Comme pour le premier, 2 ans d’emprisonnement dont 1 ans avec sursis et mise à l’épreuve et un mandat de dépôt, ainsi qu’une peine complémentaire d’interdiction de manifester pendant 2 ans ont été requis.

Le tribunal lui a infligé 2 ans d’emprisonnement dont 1 ans avec sursis et mise à l’épreuve sans mandat de dépôt. Une peine complémentaire d’interdiction de manifester pendant 2 ans a en outre été prononcée.

Les deux derniers prévenus sont poursuivis pour “violences avec ITT inférieure ou égale à 8 jours (1 jours)  avec 3 circonstances aggravantes, dégradations de biens d’utilité publique”. Contre eux,  le parquet a requis une peine de 18 mois d’emprisonnement, dont 12 mois avec sursis et mise à l’épreuve et un mandat de dépôt, outre une peine complémentaire d’interdiction de manifester pendant 2 ans.  Le tribunal les a condamnés à 18 mois d’emprisonnement, dont 12 mois avec sursis et mise à l’épreuve  avec une peine complémentaire d’interdiction de manifester pendant 2 ans . Il n’a pas décerné mandat de dépôt.

Thomas Rouxel, 21 ans, est celui qui a l’air le plus sincère lorsqu’il dit qu’il regrette et présente ses excuses à 4 des victimes présentes à l’audience.

Le dernier, Geoffrey Hilmann, jeune homme de 25 ans, est venu manifester à Dijon depuis l’Yonne où il réside. Il a reconnu les faits … et même un peu plus avouant spontanément avoir pas mal bu avant le départ de la manifestation et avoir incendié des poubelles plus tard dans la soirée. Comme tous les autres, il légitime ses actes par l’effet de groupe et par son alcoolisation.
Les avocats des 4 prévenus ont tous plaidé le contexte particulier et le climat social, le phénomène de groupe et d’entraînement pour tenter de justifier les actes de leurs clients. Tous ont demandé au tribunal de ne pas faire de ces quatre  là des boucs émissaires qui paieraient pour les casseurs qui n’ont pas été identifiés.

Pour la partie civile Me Wendel, défenseur des gendarmes (dans le cadre de la protection fonctionnelle) et Me Jean-Philippe Morel au titre de l’état et de l’APNM Gendarmes et Citoyens ont demandé des dommages et intérêts ainsi que les frais de justice.
Le tribunal a suivi les demandes de la partie civile en attribuant des dommages intérêts et frais de justice aux victimes allant de 822€ à 1200€. Pour les deux blessés les plus sérieusement touchés, une provision de 1000€ et 1500€ dans l’attente d’une expertise médicale et une audience civile le 4 juin prochain.
La demande de l’État sera examinée à la même date.
Le tribunal a reconnu le bien fondé et la recevabilité de la demande de Gendarmes et Citoyens en accordant 500€ de dommages et intérêts et 500€ au titre de l’article 475-1 (frais de justice).

M° Morel, avocat de l’Etat et de Gendarmes et citoyens  :” il ne s’agit pas d’un procès politique “

A l’issue de l’audience, Me Morel, qui agit également pour l’état dans le procès du boxeur Christophe Dettinger, a livré quelques remarques à l’Essor : “Contrairement à ce qu’a plaidé la défense, il ne s’agit pas d’un procès politique, il s’agit de juger des personnes qui ont commis des infractions graves sur des agents dépositaires de l’autorité publique en réunion et avec des armes par destination. Il n’y a donc pas d’amalgame à faire entre les gilets jaunes et les casseurs qui sont jugés aujourd’hui, c’est ça le fond du dossier et l’enjeu pour le tribunal, c’est bien de les rendre responsables de leur comportement et uniquement de cela.

Il y a un contexte social bien évidemment , il y a des gens tout à fait pacifistes dans ces manifestations, qui pour celle-ci, n’était pas déclarée, mais aller devant une caserne de gendarmerie qui est un peu excentrée par rapport au centre ville est une démarche délibérée et certains auteurs et participants à cette manifestation en ont profité pour commettre des actes d’une rare violence qui ont profondément traumatisé la gendarmerie en général et celle de Dijon en particulier car c’est une caserne où vivent 400 familles, 1200 personnes, des femmes et des enfants, et tous ont été surpris par l’intensité et la symbolique de l’agression.

 

Article Paru dans L’essor de la Gendarmerie Nationale, le samedi 19 janvier 2019 par JFC  et DC.

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