Actualités«Le procès Dettinger n’est pas le procès des Gilets Jaunes» d’après Jean-Philippe Morel, avocat de l’association «Gendarmes et Citoyens»

16 janvier 2019

L’avocat du barreau de Dijon représente une association qui s’est portée partie civile dans l’affaire dite du boxeur. Il revient pour Infos-Dijon sur la première audience, à laquelle il a participé, sur le coté politique et médiatique de l’affaire, mais aussi sur le duel de cagnottes et sur «l’attaque» de la gendarmerie de Dijon. Interview (+vidéo).

Jean-Philippe Morel, avocat du barreau de Dijon, représente l’association professionnelle nationale militaire «Gendarmes et Citoyens», dans le procès de Christophe Dettinger, le boxeur accusé d’avoir frappé deux gendarmes à Paris lors de l’acte 8 des Gilets Jaunes. Cette association «représentative des gendarmes» s’est constituée partie civile dans ce dossier national très médiatisé. Ce lundi 14 janvier, il est revenu pour Infos-Dijon sur cette affaire, mais aussi sur celle dite de «l’attaque» de la gendarmerie de Dijon.

Pour lui, ce n’est pas un procès politique que celui de Christophe Dettinger, «ce n’est pas le procès des Gilets Jaunes» mais «un procès de droit commun, malheureusement, tristement banal, de violence sur personne dépositaire de l’autorité publique». Il souhaite que l’ambiance retombe à la normale pour la suite du procès, le 13 février prochain, estimant d’ailleurs que le mis en cause, qui avait publié une vidéo avant de se rendre, est peut-être tombé dans son propre piège de la médiatisation.
Par ailleurs, le moment venu, l’association Gendarmes et Citoyens se constituera aussi partie civile dans l’affaire dite de «l’attaque» de la gendarmerie de Dijon ajoute-t-il.

Infos-Dijon : Où en est l’affaire Christophe Dettinger (en date du lundi 14 janvier 2019) ?

Jean-Philippe Morel : L’affaire est venue la semaine dernière devant le tribunal de grande instance de Paris en comparution immédiate. Lors de cette audience a été simplement évoqué son maintien ou non en détention provisoire dans l’attente de son procès. Le tribunal a considéré qu’il était nécessaire qu’il soit placé en détention provisoire pour deux raisons : la première parce qu’il ne présentait pas, selon le tribunal, toutes les garanties de représentation, et la seconde pour le caractère particulier de trouble à l’ordre public.

Comment s’est déroulée l’audience ?

Ça va sans dire que l’audience était particulièrement tendue. L’audience est publique donc un certain nombre de personnes étaient venues le soutenir. Lors du verdict, la sérénité n’était pas vraiment au rendez-vous, mais j’espère que le procès du 13 février se déroulera dans des conditions plus sereines et que la justice pourra faire son travail sans pression et sans trouble à l’ordre public.

Que reprochaient les soutiens de Christophe Dettinger au tribunal ?

Ils considèrent que c’est un procès politique, or, je considère pour ma part qu’ils sont en dehors de la réalité. C’est un procès de droit commun, malheureusement, tristement banal, de violence sur personne dépositaire de l’autorité publique. des violences sur des gendarmes et policiers, il y en a malheureusement chaque semaine, depuis plusieurs années, et il y a chaque semaine aussi des comparutions immédiates pour juger ces violences. Donc l’affaire Dettinger s’inscrit, certes, dans un contexte social des Gilets jaunes que l’on connait depuis maintenant neuf semaines, m    ais au sens strict, ce sont des faits de violence sur personne dépositaire de l’autorité publique qui ont été jugés et rien d’autre. Ce n’est pas le procès des Gilets Jaunes.

Le fait d’être très médiatisé peut-il influer sur le cours de ce procès ?

C’est effectivement un contexte très médiatisé. Monsieur Dettinger s’est lui-même très médiatisé à travers la vidéo qu’il a mise en scène avant de se rendre spontanément à la gendarmerie, et donc il a souhaité cette médiatisation. Sinon, il n’était pas nécessaire de faire une vidéo pour expliquer son acte sur ce pont de Paris à l’égard des gendarmes.

Quelle peine encourt-il ?

Il encourt sept ans de prison car nous sommes sur des violences en réunion avec une ITT pour l’un des gendarmes de plus de huit jours.

Que réclame l’association «Gendarmes et Citoyens» ?

L’association de gendarmes est là en soutien à leurs camarades qui ont été blessés et à leurs familles. Elle est là de manière symbolique aussi, pour que les choses se calment, pour que les esprits cessent de s’échauffer de la sorte, semaine après semaine. Elle n’est pas là pour demander une peine, c’est le rôle du procureur de la République.

Quel regard portez-vous sur le «duel» des cagnottes de soutien ?

La première cagnotte était quand même vécue par les forces de sécurité comme une provocation car il s’agissait de récolter de l’argent pour payer une amende ou des dommages et intérêts, et c’est interdit par l’article 40 de la loi de 1881. la deuxième cagnotte quant à elle répond à la première. Elle est portée par un homme politique donc j’y vois une dimension quand même politique, même si je comprends qu’elle puisse avoir un certain succès par la noble cause qu’elle porte, c’est à dire le soutien aux forces de police et de gendarmerie.

Avez-vous évoqué avec l’association l’affaire dite de «l’attaque» de la gendarmerie de Dijon ?

Oui, bien évidemment. C’est un événement qui a pris aussi une dimension nationale par sa symbolique : tenter de rentrer sur un terrain militaire, et pas n’importe lequel… C’est une caserne avec des familles, des hommes des femmes et des enfants qui vivent dan l’enceinte. Nous attendons que l’affaire puisse venir devant le tribunal, que les auteurs les plus déterminés, ceux qui ont vraiment tenté de rentrer dans l’enceinte de la caserne, soient amenés à comparaître. Et l’association se constituera partie civile dans ce cadre.

L’interview en vidéo :

 

Article Paru dans infos-dijon.com, le mardi 15 janvier 2019 par Nicolas Richoffer
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